Article en A R C H I V E
Hugues Defoy, Directeur du Pôle métier de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées).
Pouvez-vous nous présenter l’Agefiph en quelques mots ?
L’Agefiph c’est avant tout une mission : développer l’emploi des personnes handicapées. L’Association a été créée il y a 27 ans, avec l’obligation d’emploi de 6 % de personnes handicapées dans les entreprises de plus de 20 salariés. Nous proposons des services, des prestations, des aides, nous travaillons auprès des jeunes – et des moins jeunes – en situation de handicap, des employeurs et des centres de formation pour faciliter l’accès à l’emploi et le pérenniser. Pour cela, l’alternance est une voie privilégiée ! C’est pourquoi nous en avons fait une priorité via
un ambitieux plan d’action national.
Comment accompagnez-vous les alternants ?
Le développement de la qualification et donc la formation est un axe fort de notre politique. Il est essentiel de trouver un travail et d’évoluer dans le monde professionnel. Nous avons par exemple mis en place des dispositifs sur l’apprentissage qui visent à sécuriser toutes les parties prenantes : le jeune et sa famille, le centre de formation et l’entreprise. Nous construisons ensemble un projet personnalisé, nous délivrons des aides financières si nécessaire et accompagnons l’alternant tout au long de son apprentissage. Pour maximiser les chances de réussite, l’Agefiph travaille en proximité avec les acteurs régionaux – notamment les CFA -, développe un réseau professionnel et mobilise également les entreprises.
Il faut savoir que l’Association est décentralisée. Ce qui veut dire que nous sommes présents dans chaque région, via une Délégation régionale qui travaille en prenant en compte les spécificités du territoire et les partenaires présents. Nous avons par exemple mis en place dans le Nord-Pas-de-Calais, le PARCA et le PAPICATH, deux dispositifs pour compenser les difficultés liées au handicap et bénéficier d’un appui pendant le contrat d’apprentissage.
Pour résumer, s’agissant de l’apprentissage, nous structurons des dispositifs qui permettent de proposer aux jeunes des parcours ayant pour but de signer un contrat de travail. Nous mettons en lien les acteurs (Cap emploi, Pôle emploi, les Missions locales, l’Education nationale, les CFA, les organismes de formations, les experts du handicap) qui travaillent autour du jeune pour la réussite de son projet. Objectif : trouver un emploi tout en se qualifiant, et bien sûr le conserver.
Quels sont les profils des apprentis ? Que conseillez-vous aux jeunes qui n’osent pas se lancer ?
85 % des apprentis que nous aidons ont moins de 26 ans et 46 % ont un handicap mental. Il faut que les jeunes en situation de handicap prennent conscience qu’avoir un métier qualifié c’est possible, et que l’alternance est une réelle opportunité puisque plus d’un contrat sur deux signé débouche sur un emploi et que 72 % des jeunes en apprentissage obtiennent leur examen. En plus d’un accompagnement, ils bénéficient, lorsque cela est nécessaire, d’une adaptation pédagogique sur-mesure, d’un aménagement de la situation de travail et de nos aides financières. Dans l’entreprise, on peut également être aidé par un tuteur, ce qui est important pour faciliter l’intégration.
En 2014, 5 709 contrats ont été signés : 2 596 contrats d’apprentissage et 3140 contrats de professionnalisation. Ces résultats sont très concluants. Le handicap et l’alternance sont donc bien compatibles et le taux de transformation en emplois durables est également presque équivalent à ce que nous observons pour le public valide, ce qui est plutôt une belle performance !
Comment les entreprises reçoivent-elles les apprentis ?
Accueillir un apprenti handicapé, c’est d’abord accueillir un nouveau collaborateur, un nouveau collègue, et faire en sorte que tout se passe bien, en prenant en compte sa situation de handicap sans le marginaliser. Pour une insertion réussie et un épanouissement professionnel, l’alternant ne doit pas se sentir à part. Et tout le monde doit se sentir « à l’aise » avec la notion de handicap. C’est pourquoi nous menons un travail en interne avec l’entreprise, en sensibilisant et en formant les managers et les futurs collaborateurs. Il faut dédramatiser le handicap et être en capacité d’en parler pour banaliser ce sujet encore trop “tabou”.
Quelles sont leurs obligations ?
Les entreprises ont une obligation d’emploi qui a été fixée à hauteur de 6 % dès lors que les établissements comptent 20 salariés. Elles peuvent remplir cette obligation par l’emploi direct, par le recours à la sous-traitance (avec les Entreprises Adaptées, et les ESAT). Elles peuvent également verser une contribution financière à l’Agefiph, ce qui nous permet de développer des services, des prestations et des aides, et des actions comme le plan alternance. Nous incitons évidemment les entreprises à embaucher et c’est ce que font de plus en plus d’entreprises. Il y a là une réelle évolution. Les plus grosses structures intègrent des pôles spécialisés sur le handicap. Aujourd’hui, seulement 22 % des établissements se contentent de verser une contribution. Il faut noter que si l’obligation concerne les établissements de 20 salariés et plus, nos interventions concernent tous les employeurs privés, y compris des artisans, c’est important pour l’apprentissage.
Quels projets et/ou priorités pour 2015 avec les apprentis ?
Notre objectif : 1000 contrats en plus. Pour cela, nous renforçons nos actions auprès des employeurs, nous travaillons avec l’Éducation nationale autour d’une collaboration plus étroite pour informer au mieux tous les jeunes des nombreuses possibilités qui existent via l’alternance. Nous développons également nos relations avec les organismes consulaires : les chambres des métiers, les chambres de commerce, et bien sûr avec les OPCA.
Comment bénéficier des aides de l’Agefiph ?
Pour bénéficier de nos aides et services, il est possible de se renseigner auprès de nos Délégations régionales, du réseau Cap emploi, des Missions locales et de Pôle emploi. Il est également possible de passer par le biais des acteurs de l’alternance, notamment les CFA.