2 salariés sur 10 se disent concernés. Selon une enquête : 25% des salariés se déclarent en « burnout moyen », 5% en « burnout complet / danger », 30% subissant un stress important et 28% des cadres stress aigu.
Burnout et maladie professionnel ? |
Le fait d’être reconnu en maladie professionnelle, confère à la personne une indemnisation « améliorée » par rapport à la prise en charge pour maladie de droit commun.
Il n’y a pas de définition légale de la maladie professionnelle. La définition usuelle : il s’agit d’une maladie considérée comme « professionnelle » lorsqu’elle est la conséquence de l’exposition du travailleur à un risque à l’occasion de l’activité professionnelle (exposition à des agents toxiques par ex.) ou qu’elle résulte des conditions dans lesquelles ce travailleur a effectué son travail.
Le point de départ de la maladie professionnelle est souvent difficile à dater, sachant que la maladie se manifeste parfois tardivement, ce qui rend la relation de cause à effet entre la maladie et l’activité professionnelle plus difficile à établir.
Le burnout n’est pas une maladie professionnelle visée dans les tableaux officiels des maladies reconnues. Il s’agit donc de prouver le lien de causalité entre le burnout et l’état de santé et le caractère professionnel.
Sur le plan médical, le burnout n’est pas une maladie. Un lien peut être établi avec le stress et la dépression, qui sont une des conséquences du burnout. La différence avec la dépression, la personne conserve le goût des choses dans les aspects de la vie autres que le travail. Ce ressenti est étendu à tous les aspects de la vie pour la personne dépressive.
La dépression peut conduire aussi au syndrome d’épuisement professionnel.
Burnout, de quoi parle-t-on ? |
Burnout ou syndrome d’épuisement professionnel. Il s’agit d’un état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. Un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail. 3 dimensions :
- Epuisement à la fois physique et psychique,
- La dépersonnalisation : cynisme, indifférence, …
- La perte d’efficacité au travail, dévalorisation de soi.
Les causes sont multiples et multifactorielles : manque ou excès de sollicitation, trop peu ou pas de reconnaissance, des attentes trop élevées envers soi-même, pertes des contacts sociaux, conflits de valeurs, … et la conséquence de tout cela, une impossibilité de travailler. L’évolution du monde du travail : nouvelles organisations, promotion de la performance, mise en concurrence des individus, fragilisation des collectifs de travail, précarité, …les restructurations des entreprises, nécessaires face à cette mondialisation, font peser des contraintes croissantes sur les individus. L’augmentation des phénomènes urgents : les individus doivent être flexibles, pressés, centrés sur l’immédiat, le court terme. Rentre en conflit la perte de repères sociaux et moraux collectifs et individuels, l’instantanéité des phénomènes perçus via des médias géo localisés (éclatement des limites spatiaux temporelles de la modernité), la perte de repères dans la société, dans la famille, … Les facteurs favorisants sont également le déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle, des rythmes fragmentés, le sentiment d’insécurité, des traits de personnalité (instabilité émotionnelle, caractère très consciencieux, sur investit …)
Qui peut être concerné par un burnout ? |
Tous les types d’emploi peuvent être concernés et plus particulièrement les sujets face aux demandes des tiers.
Le burnout touche essentiellement des personnes qui ont de fortes attentes envers le travail, ce qui est déterminant pour elles c’est le métier et le sens donné au travail. L’épuisement propre au burnout ne permet pas à la personne de mobiliser les ressources nécessaires à cette forte implication. Le syndrome n’est pas nécessairement consécutif au « workaholisme » ceux qui passent énormément de temps au travail.
Le burnout, Alain, cadre intermédiaire d’une PME dans l’industrie, le connaît bien. "J'aurais dû voir les signes. J'avais de plus en plus de mal à me lever le matin pour aller bosser, alors que j'adorais mon job. Dans la journée, parfois, j'avais l'impression d'être oppressé, de ne plus pouvoir respirer. Et j'étais en boucle sur le travail. J'en rêvais la nuit. Je me relevais pour relire un dossier. J'avais sans cesse peur de faire une erreur. »
Alain s'est retrouvé figé devant son bureau. "Incapable de bouger, de parler. Comme si mon esprit avait décidé de démissionner. Un collègue m'a raccompagné chez moi et mon médecin m'a arrêté. Il m'a fallu deux mois pour retourner travailler. Au départ, comme je m'étais bien reposé, j'ai eu l'impression que tout allait mieux et je m'y suis remis comme si ça n'était jamais arrivé. Mais au bout de quelques semaines, tout a recommencé. Les mêmes problèmes de communication avec ma hiérarchie, les mêmes
angoisses, le même épuisement. Quand les envies de
suicide sont arrivées, j'ai compris qu'en réalité, c'était toute ma vie que je devais repenser. Je constate que souvent, on a l'illusion que l'arrêt maladie se suffisait en soi. Mais un burnout ne se soigne pas uniquement par du repos ou des vacances. Croire cela, c'est signer pour une rechute quasiment assurée. Si on ne change pas plusieurs paramètres dans sa sphère professionnelle et personnelle, si on n'ajoute pas à cette prise de recul qu'est l'arrêt maladie, une prise de conscience sur ce qui est arrivé, le burnout refait surface dans les six à huit mois. Après avoir rechuté et grâce à l’appui du médecin du travail et du Sameth, j’ai repris en temps partiel thérapeutique. Mon travail a été réorganisé, mes objectifs allégés, mon rythme professionnel aussi avec moins de déplacements. Cette période de transition m’a permis de retrouver un équilibre au travail. Ayant fait un épisode de dépression à l’issue, j’ai obtenu ma Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé ».
Le Sameth est un partenaire service de l’Agefiph, dont l’offre de service est définie et financée par l’Agefiph. Le Sameth conseille les employeurs et les accompagne pour faciliter le maintien dans l’emploi de salariés devenus handicapés ou dont le handicap s’aggrave.
L’Agefiph propose, en complément des aides de droit commun, des aides destinées à faciliter le maintien dans l’emploi de salariés handicapés, dont l’aide au maintien dans l’emploi, la formation des salariés dans le cadre d’un maintien dans l’emploi, l’aide à l’aménagement des situations de travail et à la compensation du handicap, l’aide au maintien dans l’emploi des salariés en fin de carrière. Une partie de ces aides doivent être prescrites par le Sameth, qui accompagne l’employeur dans sa démarche.
Agnès GERBER Directrice d’Action et Compétence